
Assise dans le train, en route vers Toronto, pour un court séjour, je ressens un inconfort. Dehors, le soleil plombe sur le printemps qui affiche ses couleurs sur le paysage. Assise côté allée, je partage l’espace avec un voisin qui a décidé de fermer le rideau, couvrant la fenêtre en entier. La situation m’agace. J’aurais tellement aimé poser ma tête contre la fenêtre pour observer le paysage à perte de vue, voir les étendues d’eau et la végétation qui reprend vie après un dur hiver. Pourtant, je me heurte continuellement au rideau vert qui couvre l’entièreté de ma fenêtre. Assise pour encore cinq longues heures, sur ce siège que mon billet électronique m’a attribué, je décide finalement de fermer les yeux.
Au travail comme dans notre vie personnelle, nous pouvons nous retrouver dans des situations qui ne nous conviennent pas. Ces dispositions découlent parfois d’un manque de confiance, d’inadvertance ou encore de naïveté. C’est alors que nous réalisons, par un matin de février, que nous ne sommes pas à notre place. Nous réalisons que nous ne sommes pas dans un environnement de travail qui nous stimule. Nous réalisons que notre mode de vie ne nous surprend plus. Nous réalisons que nous n’avons pas réellement choisi. Les choix. Nos choix. C’est vraisemblablement ce qui détermine le cours des choses ; les choix que nous effectuons tout au long de notre parcours.
Dans le cadre de ma première conférence « Passions et risques », j’aborde l’importance des choix majeurs et mineurs que nous effectuons au quotidien. Étant une jeune travailleuse autonome, j’ai récemment dû faire mes premiers choix de carrière. Choisir entre la stabilité ou le risque ? Choisir entre le concret ou l’inattendu ? Choisir entre le travail ou la passion ? J’ai choisi de me lancer dans le vide et de démarrer ma propre entreprise. J’ai choisi, de me serrer la ceinture au cours des premiers temps pour construire graduellement l’engin qui me permettrait de vivre de ma passion à plus long terme. J’ai choisi de construire un environnement de travail sur mesure en jumelant mes valeurs et mes passions à mon emploi. On me demande souvent comment je fais, comment j’y arrive. Pour moi, la réponse est claire. Quand on exerce nos choix avec passion, il n’y a plus de limite aux efforts que l’on pourra octroyer pour atteindre le but fixé. On commence alors à faire les choses pour soi en s’épanouissant personnellement. De là, découlent tranquillement la force et le courage qui nous permettent d’ouvrir notre esprit à autrui.
Toujours assise à bord du train qui me transporte vers Toronto, j’ouvre finalement les yeux. Autour de moi, plusieurs travailleurs s’affairent sur leurs ordinateurs portables. Le responsable de notre wagon vient tout juste de terminer sa ronde de vente de collations. Je me lève alors de mon siège pour balayer du regard, l’entièreté de la cabine. Je remarque au moins quatre places vacantes, côté fenêtre. J’hésite. J’observe à nouveau. J’hésite une seconde fois, puis je me lance. J’empoigne mon sac à main et mon sac de voyage pour me diriger vers un des sièges libres. Je dépose mes sacs et m’assieds confortablement dans mon nouveau siège. Enfin, je tourne la tête à droite pour découvrir un paysage ensoleillé qui m’éblouit et me fait sourire. Je regarde filer les arbres et les maisons de campagne. Bien que je ne sois pas assise à la place que l’on m’avait aléatoirement assignée, j’ai choisi l’endroit où j’allais être, pour profiter pleinement de l’expérience. C’est un peu ça la vie et le travail. Parfois on se retrouve dans des situations qui ne nous conviennent pas, sans trop savoir pourquoi on a abouti là. C’est à nous seul de prendre les choses en main, pour améliorer notre situation et construire l’environnement dans lequel on pourra se sentir bien et sourire.